ORTHODOXIE OCCIDENTALE    

 

«Vous cherchez Jésus de Nazareth, le crucifié,  Il est ressuscité. » (Marc 16.6)

                                                    

Manifeste pour la restauration de l’Eglise Orthodoxe des Gaules

 

Pour annoncer la Bonne Nouvelle du Christ ressuscité, pour enseigner et baptiser au Nom de la Sainte Trinité, pour « persévérer dans l’enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain et dans les prières » (Actes 2.42), nous nous proposons de participer à la restauration de l’Église Orthodoxe Occidentale et spécialement de l’Église Orthodoxe des Gaules dans ses institutions, sa spiritualité et dans ses usages en particulier dans ses usages liturgiques, et notamment dans l’usage du rite local, appelé « rite des Gaules », car comme le dit le pape Saint Grégoire le Grand : « Là où règne l’unité de la foi, des usages liturgiques différents ne sauraient être dommageables à l’Église. »[1]

 

Notre action se localise actuellement dans la sphère linguistique francophone et nous nous situons directement dans la continuité de l’œuvre entreprise par l’Évêque Jean Kovalevsky et son frère Maxime, œuvre approuvée par le Métropolite Serge de Moscou en 1936, et bénie et présidée par St Jean de San Francisco de 1959 à sa mort, nous reconnaissant parmi leurs héritiers spirituels[2].

 

Notre filiation spirituelle est celle que nous avons reçue de la tradition des Saints de Provence, des martyrs des Gaules, de notre Père Saint Irénée de Lyon, des Pères du monachisme gaulois : Saint Martin, Saint Jean Cassien et les Pères de Lérins : Saint Honorat, Saint Vincent, Saint Césaire…, les saints Pères du Jura : Saint Romain, Saint Lupicin…, les missionnaires irlandais : Saint Colomban, Saint Gall…, les missionnaires de la Belgique : Saint Amand, Saint Servais, saint Lambert…, sans oublier le Père des moines d’Occident, Saint Benoît de Nursie et tous les autres…

 

Nous confessons la foi primitive des Conciles œcuméniques de Nicée (325), de Constan­tinople (381) et d’Éphèse (431). Par cette confession nous nous référons spirituellement aux Égli­ses orthodoxes dites « Orientales » rejetant toutes accusations de « monophysisme » lié indûment à cette confession.

 

Nous recevons paisiblement toutes les définitions des quatre Conciles œcuméniques ultérieurs, considérant en particulier que les formulations christo­logiques de Chalcédoine complètent expli­citement la doctrine de l’Église indivise.

 

Nous recevons aussi les Conciles de Constantinople de 1341 et 1351 qui confirmèrent l’enseignement de Saint Grégoire Palamas sur la lumière divine et les énergies incréées ainsi que toute la doctrine et la pratique de l’hésychasme.

 

Acceptant la juste théologie de ces saints conciles ci-dessus nommés, nous rejetons toutes les condamnations injustes des personnes[3] qui ont pu être prononcées dans le feu des passions humaines. Nous constatons qu’il n’y a pas de différences fondamentales de foi entre les Églises orthodoxes malgré le malheureux malentendu du Concile de Chalcédoine. Pour nous, l’unité de l’Église or­thodoxe se définit par la foi commune et non par la juridiction, l’institution. Ainsi, nous sommes, de fait, en communion avec les Eglises Orthodoxes.

 

A l’instar de l’Eglise Indivise, notre foi n’est pas d’abord une adhésion intellectuelle à des vérités à croire, mais l’expérience des mystères qu’elle confesse. Au cœur de tout et avant tout il y a Quelqu’un : la Présence active du Christ pascal, mort et ressuscité, qui vivifie, dynamise et donne sens jusqu’au détail de notre vie quotidienne. C’est affirmer clairement la primauté du spirituel, la pratique concrète d’un Chemin de transformation et une approche cordiale (corps-âme-esprit) de la réalité. Nous nous reconnaissons totalement dans cette puissante assertion  du Père Alexandre Schmemann : « les premiers chrétiens n’apportaient aucun programme, aucune théorie, mais partout où ils allaient la semence du Royaume germait, la foi se mettait à flamber, tout leur être était une torche vivante de louange pour le Christ ressuscité ; c’était Lui et Lui seul l’unique bonheur de leur vie, et le but de l’Eglise n’était rien d’autre que de rendre présent au monde et à l’histoire la Joie du Christ ressuscité, en qui toutes choses ont leur commencement et leur fin. Sans la proclamation de cette Joie, le christianisme reste incompréhensible ! »[4] Nous voulons être les témoins de cette réalité au cœur de la détresse humaine dans un monde à la recherche de Dieu et cela, jusqu’à l’amour des ennemis selon le commandement du Christ.

 

            Ni par laxisme moral, ni par un esprit relativiste, ni par prosélytisme mais par obéissance au Christ qui dit : « Mes entrailles sont émues devant cette foule, car voici déjà trois jours qu’ils sont auprès de moi, et ils n’ont rien à manger. Et je ne veux pas les renvoyer à jeun, de peur qu’ils ne défaillent en che­min. » (Mt 15:32)[5], nous accueillons à la communion eucharistique tous les chrétiens qui sont baptisés en Christ au Nom du Père et du Fils et du Saint Esprit.

 

Pour ce qui est du calendrier liturgique, nous suivons le comput grégo­rien, car nous sommes une Eglise occidentale vivant au milieu de chrétiens qui, pour leur grande majorité, suivent ce calendrier[6]. Toutefois nous soutenons les propositions du Colloque d’Alep de 1997 réuni sous les auspices du Conseil œcuménique des Églises et du Conseil des Églises du Moyen-Orient et nous accepterons, le jour venu, le nouveau calendrier qui sera décidé d’un commun accord par ces Églises.

 

En conclusion nous faisons nôtre la déclaration de Monseigneur Kallistos Ware : « Ni un concile œcuménique, ni le patriarcat de Constantinople ou celui de Moscou, ni aucune autre Eglise-mère, ne peuvent créer une nouvelle Eglise locale. Le plus qu’ils puissent faire, c’est de reconnaître une telle Eglise. Mais l’acte de création doit être accompli sur place, localement. Les autorités supé­rieures peuvent guider, confirmer et proclamer. Mais le travail créateur ne peut s’accomplir qu’au niveau local, par les cellules eucharistiques vivantes qui sont appelées à constituer graduellement le corps d’une nouvelle Eglise locale. » (SOP 302, Nov 2005, prononcé à l’Institut de Théologie St Serge à Paris). Cela est d’autant plus vrai qu’il ne s’agit pas ici de la créa­tion d’une nouvelle Eglise locale mais de la restauration d’une antique Eglise locale, fidèle à l’esprit de l’Eglise indivise, pauvre, mystique et oecuménique.



[1] Grégoire le Grand, Ep. I, 43 (PL 77, 497C)

[2] Cette œuvre a été aussi encouragée et bénie à divers titre par les patriarches Athénagoras de Constantinople, Justinien et Justin de Roumanie.

 

[3] comme celle de Saint Dioscore ou Saint Sévère d’Antioche.

[4] Alexandre Schmemann, Pour la vie du monde, Ed. Desclée

[5] (voir aussi Mt 26. 28 et Lc 11. 9 à 13)

[6] (à l’instar de l’Église orthodoxe de Finlande qui dépend du Patriarcat œcu­ménique)